Épicure affirme à son disciple Ménécée au début de la lettre lui étant adressé une position radicale au sujet de la pratique de la philosophie : «Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à s’adonner à la philosophie, et quand on est vieux, il ne faut pas se lasser d’en poursuivre l’étude. » Il invite tous et chacun à prendre part à la réflexion philosophique au courant de sa vie sans la moindre hésitation. Il nous exhorte à nous questionner sans cesse et sans relâche à propos de notre conduite mais plus particulièrement, sur cette recherche de la vie heureuse. Mais, qu’est-ce que la philosophie ? Qu’est-ce que le bonheur ? Et quel est le lien entre la philosophie et le bonheur ? Dans sa lettre à Ménécée, Épicure répond à ces questions en élaborant ses arguments et démonstrations. Cependant, rien ne nous empêche de nous poser ces questions importantes encore aujourd’hui. Selon Épicure, l’atteinte du bonheur (la paix du corps et de l’esprit) passe par cette pratique réflexive au quotidien. Alors, que l’on soit jeune ou vieux, il incomberait de prendre soin de sa santé tant au niveau du corps que de l’esprit par différents moyens, mais non pas sans exercer son propre jugement sur sa manière de vivre. Ainsi, nous pouvons continuer à philosopher en nous interrogeant sur le sens des mots et des valeurs. Mais, que signifie prendre soin de soi ? Comment puis-je m’assurer que je prends soin de moi-même en tenant compte aussi des autres, de mon environnement ? Peut-on continuer à vivre profondément en oubliant ou occultant ce questionnement existentiel et éthique ou sans se poser une des questions fondamentales en lien avec notre manière de vivre : ce que je décide de faire ou de ne pas faire, est-ce bien ? Bref, puis-je continuer à bien vivre, sans philosopher ?
OCTOBRE 2018